©Photo : Jacky Manuputty @jmnuputty |
Je n'ai jamais pensé
qu'un jour j'écrirais un blog sur le Palais de la Paix, mais c'est
aussi parce que je n'avais jamais pensé qu'un jour on m'ouvrirait les
grandes portes de cette si importante institution internationale.
Difficile d'imaginer il y a une dizaine d'années que les blogueurs
hausseraient le niveau à un point où ces acteurs viendraient à intéresser la
deuxième plus grande institution des nations unies.
La justice étant avant tout la condition première pour garantir la paix, mais elle est dans une moindre mesure le soubassement d'un modèle de gouvernance et de démocratie d'un état. Elle ne signifie pas vengeance, elle ne signifie pas non plus la protection du mensonge. Elle traduit selon moi, l'équilibre des rapports de forces pour le maintien de la paix. Une justice sans paix n'est que leurre d'une volonté machiavélique cachée car elle est le premier artisan de la paix qui est elle-même le premier chantier d'une cohésion sociale. Des tables rondes, panels, communications et discussions ont bien animé pendant 7 jours les activités marquantes la célébration de l'anniversaire des 100 ans du Palais de la Paix à la Haye.
Pendant une semaine, dix blogueurs venus du monde entier ont eu l'honneur et le privilège
d'être les hôtes du Royaume des Pays- Bas par le biais de son ministère des Affaires étrangères. Dix blogueurs sélectionnés
pour leur implication pour la défense des droits humains, pour leur
engagement auprès de la population, pour leur pertinence dans
l'analyse de la situation mondiale et aussi pour leur participation
directement ou indirectement à la consolidation de la paix, de la justice dans leur pays par le biais des nouveaux médias.
Les Blogueurs :
1. Mr. Jacky Manuputty (Indonésie)
Twitter: @jmanuputty
2. Mr. Mohamed ElGohary (Egypte)
Twitter: @ircpresident
3. Mr. Jorge Tirzo (Mexique)
Twitter: @ztirzo
4. Mr. Cédric Kalonji (RDC)
Twitter: @congolese
5. Mr. Cheikh Fall (Sénégal)
Twitter: @cypher007
6. Mr. Imad Bazzi (Liban)
Twitter: @TrellaLB
7. Mr. Carlos Alberto Perez Benitez
(Cuba)
Twitter: @chiringadecuba
8. Ms. Khadija Patel (Afrique du Sud)
Twitter: @khadijapatel
9. Mr. Victor Feshchenko (Russie)
Twitter: @feshchenko_v
10. Mr. Chris Borgen (USA)
Twitter: @opiniojuris
Palais de la Paix : Symbole mondial de la paix et de la justice internationale
Je me suis laissé
charmer par ce beau bâtiment construit par l'architecte français
Louis Cordonnier en 1913 et implanté au centre de la belle ville de La Haye qui se trouve à quelques minutes d'Amsterdam la capitale du
Royaume des Pays- Bas. La meilleure façon de comprendre le monde,
c'est d'interroger l'histoire. À La Haye, ce sont des parties de
l'histoire du monde qui se sont retrouvées pour donner aujourd'hui,
à cette ville une dimension internationale. Traversée par des cours d'eau,
offrant une végétation d'un beau tableau d'art et laissant accoster
des bateaux sur ces terres, la ville de La Haye est depuis le XVIième
siècle le berceau du droit international moderne. Aujourd'hui
présent sur Twitter avec un compte officiel, le Palais de la Paix cherche encore à s'ouvrir davantage au monde.
Que devons-nous savoir
sur le Palais de la Paix ?
- Il a été construit en 1913 et inauguré à la veille de la Première Guerre mondiale.
- Il a pour mission de soutenir et de promouvoir la paix et la justice internationale
- Elle a abrité la plus ancienne organisation internationale avec la conférence de la Haye sur le droit international privé.
- Il abrite les deux plus importantes cours de justice au monde : la Cour permanente d'arbitrage et la Cour Internationale de Justice. Cette dernière est le seul des 6 organes des Nations Unies en dehors de New York.
- La Cour permanente d'arbitrage : Elle est l'arbitre qui tranche par le biais du droit pour la résolution des différends entre les États. Elle est composée d'une centaine d'états membres et serait aujourd'hui l'un des premiers recours des différents États pour la résolution de différends qui les opposent. Cette cour vieille de plus d'un siècle est aujourd'hui peu connue du public car traitant des cas bien particuliers et moins passionnants pour le public. En un siècle d'existence la CPA a statué sur une trentaine d'affaire. Les parties nomment les arbitres, s'accordent sur les procédures, choisissent les langues officielles et prennent en charge la totalité des frais. Les procédures de la CPA se déroulent à huis clos. La Cour Permanente d'arbitrage est présente sur Facebook.
- La Cour Internationale de Justice : Elle est aujourd'hui l'une des plus grandes réussites des Nations unies. Forte de ces 15 juges élus pour un mandat de neuf ans par l'assemblée Générale et le Conseil de Sécurité des Nations unies, elle est l'organe par excellence des Nations unies qui a autorité de régler par le droit international, des différends d'ordre juridiques qui sont soumis par les États. Pour la CIJ les procédures sont fixées d'avance par le statut et le règlement de la Cour, les langues officielles sont le français et l'anglais, les procédures de la Cour sont publiques et sont retransmises vias UNRADIO (la radio online de l'ONU) et seraient diffusées en direct avant la fin de septembre 2013 sur UNTV (la télévision des Nations unies). Contrairement à la CPA, les frais de la CIJ sont entièrement pris en charge par l'ONU. La Cour Internationale de Justice est présente sur Facebook.
Au-delà du Palais de la
Paix, nous ne pouvons pas parler de la ville de La Haye sans pour
autant faire un arrêt à la Cour Pénale Internationale. Cette
institution qui a été mise en place par le biais du Statut de Rome
dont le Sénégal a eu l'honneur d'être le premier pays à ratifier.
La Cour Pénale Internationale a le mérite aujourd'hui de poursuivre
tous les hommes politiques dont les accusations portent sur les 4
types de crimes : le génocide, les crimes contre l'humanité,
les crimes de guerre commis après le 1er juillet 2002, les crimes
les plus graves qui touchent l'ensemble de la communauté
internationale ainsi que les crimes d'agression une fois que les
conditions requises pour l'exercice de la compétence à l'égard de
ces derniers seront remplies.
J'ai
eu le plaisir d'interpeller le Président de la CPI Monsieur
Sang-Hyun Song à propos du cas Hussein Habré qui est actuellement
jugé à Dakar par un tribunal spécial alors qu'il est poursuivi
pour des crimes contre l'humanité, des
génocides et crimes
politiques. « Les
compétences de la CPI ont commencé à partir de 2002 après la
signature du statut de Rome et les poursuites contre l'ex-Président
du Tchad Hussein Habré ont commencé bien avant 2002. C'est l'une
des principales raisons qui font que la CPI ne peut pals intervenir
dans ce cas spécifique de crime contre l'humanité et de
génocide. Nous
souhaitons une très bonne chance au Sénégal en espérant que ce
procès se passe dans d'excellentes conditions respectant les règles
du droit pénal international », répond le Président qui se
réjouit de recevoir un Sénégalais parmi les 10 blogueurs ayant
fait le déplacement à l'occasion des 100 ans du Palais de la Paix.
À
la Cour Pénale Internationale où est actuellement jugé l'ancien
président Ivoirien Laurent Gbagbo accusé des crimes
pots électoraux. Il y est actuellement détenu avec 4 autres
africains : pour la RDC, Thomas Lubanga Dyilo, Germain Katanga
et Bosco Ntaganda. Pour la RCA, Jean-Pierre Bemba Gombo.
Bien
qu'étant très institutionnelle, la Cour Pénale Internationale se
vante aujourd'hui d'être parmi les premières institutions à
rejoindre la plate-forme de microblogging Twitter. Vous pouvez suivre la CPI à partir de son compte officiel.
La CPI a aussi un compte Flikr ainsi qu'une chaine Youtube. Une
chaîne de WebTv permet aujourd'hui la diffusion en direct de
l'ensemble des audiences. Cependant, une réflexion est en cours en
interne sur une probable arrivée de la CPI sur Facebook.
Comment et pourquoi un groupe de blogueurs du monde à la Haye ?
Quelle
est la place des nouveaux médias dans la stratégie de paix et de
justice internationale ? Comment les débats institutionnels
pourraient-être déplacés dans les plate-formes de réseaux sociaux
pour qu'ils soient plus accessibles au public ? Quel est le rôle
du blogueur dans une situation de crise ? Le blogueur peut-il
influencer un processus de paix ? Les réseaux sociaux peuvent-ils
constituer des canaux pour rendre ou réclamer justice ? Quels
peuvent être les apports des nouveaux médias dans l'équilibrage
des rapports de forces ? Quelles seraient les meilleures formules pour
faire des nouveaux médias des outils de promotion de la paix et de
la justice ? Telles sont les différentes questions que nous nous
sommes posés durant cette semaine de travail, de découvertes,
d'échanges et d'information.
Madame
Janet Anderson, Consultante en Justice Internationale à la Radio
Netherlands Worldwide (RNW) m'a expliqué le choix porté sur les
blogueurs et les attentes suite à cette semaine de découverte et
d'échanges.
Les
médias des masses, seuls véritables outils et médias démocratiques
à disposition des populations ont déjà commencé à bouleverser
l'ordre « Top - Down » établi et imposé depuis le XVIIe siècle par la presse traditionnelle. Les relations entre les
politiques et les citoyens, les institutions et les populations ont
complètement évolué.
Intervention du Président de la CIJ filmée et téléchargée sur Youtube par les Blogueurs |
Ces
outils sont devenus le lieu de prédilection de l'information
instantanée et rapide, de l'information courte mais complète, de
l'information simplifiée mais variée. C'est justement à cause de
l'importance de ces nouveaux outils et de leur pertinence que
certains hommes politiques et grandes institutions préfèrent y faire
passer leur déclaration ou annonce.
Live Tweet et participation des internautes via le Hashtag #Peace100 |
La
mesure de l'efficacité de ces diffusions donne lieu à un suivi
spécifique (mesure de l'audience : audimat, coût par contact ...).
Au moment où certains groupes de pressions, certains mouvements de
lutte, certains leaders utilisent ces outils pour défendre ou
justifier la guerre ou des positions à l'encontre d'une politique de
paix, il devient plus qu'une exigence pour les institutions
internationales d'envahir ces réseaux pour y déplacer les débats
politiques, juridiques autour de la paix et de la justice
internationale pour qu'ils soient plus accessibles au public.
Le
constat permet aujourd'hui de comprendre que l'information est passée
de la radio, du papier, de la télévision pour devenir plus
accessible en se déployant via un écran d'ordinateur ou via un
téléphone mobile. Sa forme, tout comme son contenu ont évolué.
Une nouvelle donne s'est indéniablement imposée. L'information
devient surabondante et l'utilisateur se fait inonder de nouvelles en
provenance de tous les coins du monde. La révolution du « direct »
qui avait fini de bouleverser l'univers des médias s'est vite
confrontée à la révolution de la spontanéité et de
l'interactivité de l'information. D'un traitement long et détaillé,
elle est passée à une diffusion atomisée synthétisée, rapide et
multiforme en même temps.
Désormais, il faudra compter sur Twitter
et Facebook pour toutes stratégies de communication pour les petites
marques jusqu'aux grandes institutions internationales.
Avec
cette mouvance de la communication par les nouveaux médias, les
grandes institutions avec un langage et un discours moins
institutionnel, devront donner une part entière à internet pour
être beaucoup plus proches du public et encore beaucoup plus
accessibles. Il ne sert à rien pour ces institutions de créer des
comptes dans les réseaux sociaux pour partager des articles ou tout
simplement publier des PDF d'une trentaine de pages. Au-delà d'un
simple compte officiel, il faut un réel management de communauté
pour rendre cette présence beaucoup plus optimale. Connaître leur
cible mais aussi savoir leur parler. Rendre les informations
accessibles pour susciter des débats autour des sujets traités au
sein des trois grandes Courts.
Le
Palais de la Paix : http://www.vredespaleis.nl/
La
Cour Permanente d'Arbitrage : http://www.pca-cpa.org/
La
Cour Internationale de Justice : http://www.icj-cij.org/
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