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mercredi 13 août 2014

Un après-midi au cœur de la rédaction : La cuisine de l’information à la sauce BBC Afrique

Un après-midi dans la rédaction de la BBC Afrique
C’est une famille de 24 journalistes de différentes nationalités dont Burkinabé, Rwandaise, Burundaise, Camerounaise, Togolaise, Malienne, Tchadienne, Guinéenne, Sénégalaise, Congolaise, Malgache entre autres, qui forme la grande maison melting-pot qui vous cuisine l’information africaine et internationale tous les jours sur les ondes de la BBC FM. À l'occasion de la journée internationale de la jeunesse, la radio panafricaine a voulu marquer la journée en invitant un blogueur au cœur de leur rédaction. Une manière de célébrer cette journée avec un jeune mais aussi de montrer le fonctionnement de la radio.


Tweet du compte officiel de la BBC
Une journée de radio à la BBC semble être simple quand on sait que tout commence par une première réunion le matin à 10h pour l’ensemble du service en français en relation avec l’équipe de la BBC Londres. La deuxième réunion, se fait en locale avec l’équipe de Dakar pour la préparation des éditions du soir à 18h et pour finir, une troisième réunion synchrone par visioconférence entre les différents bureaux régionaux et toujours sous la supervision de la direction basée à Londres. Ce découpage quotidien semble simple mais derrière c’est tout un mécanisme de collecte, de préparation, de tri, de classement et d’organisation de l’information toutes les minutes. S’appuyant sur les différentes fonctionnalités d’un performant logiciel de gestion, de programmation et d’organisation, les journalistes de la BBC Afrique font penser à des geeks devant leurs écrans 19 et 21 pouces. C’est dans une atmosphère jeune et bon enfant au style américain qu’ils partagent leur bureau à côté du bar à café.
Entrée BBC Afrique - Dakar 
  
La BBC Afrique, c’est une radio bilingue dans une certaine mesure. De 4h30 du matin à 19h, la radio est francophone. Mais à partir de 19h30, elle devient anglophone jusqu’à l’aube. C’est ainsi que l’Afrique de l’ouest est servie continuellement. Depuis 1996, les émissions en français de la BBC sont diffusées uniquement vers l'Afrique, en ondes courtes, en FM, et en audio sur le site de BBC Afrique.


14h :
J’ai été ponctuel. Je me suis pointé à l’heure pile (comme d’habitude) pour répondre à l’invitation de la rédaction. Porte ultra sécurisée, deux niveaux de sécurité pour poser pieds enfin dans les locaux du Bureau Afrique de la BBC. J’ai eu le temps de faire le tour du service et de serrer la main de tout le monde en commençant par le Rédacteur en chef Hervé Yonkeu. Parce que j’ai fait mon premier tweet annonçant que je venais d’arriver à la radio pour répondre à l’invitation que Mamadou Moussa Ba de la BBC Londres, qui a eu cette idée d’associer les blogueurs à cette journée, me joint au téléphone pour des remerciements et aussi renouveler leur volonté de collaborer davantage avec les blogueurs africains.

14h30 : Réunion de rédaction
Réunion de rédaction pour la préparation de la grande édition de BBC Soir
Dans une ambiance semi-formelle, entre débats, échanges, questionnements et inquiétudes, les journalistes composant le core team de l’équipe d’information de la BBC se retrouvent dans la petite cuisine (salle de réunion) qui permet d’éplucher les légumes, préparer la viande, assaisonner les ingrédients pour la sauce de l’information qui doit être servie aux auditeurs africains dans l’édition de 18h et l’édition de la matinale du lendemain.

A l’ordre du jour :
L’actualité à chaud, l’avancée de la situation sur la crise Ebola en Afrique. L’objectif principal est de trouver un expert du traitement de l’épidémie pour connaitre sa version sur les effets et les résultats du traitement par le sérum expérimental. L’information oui, mais dans l’approche se poser d’abord des questions sur l’expérimentation et sur les effets secondaires de ce médicament. Trouver un expert pour avoir son avis sur les probables effets secondaires de ce sérum. Le sérum est mis à la disposition des pays africains mais il faut retenir le fait que la Maison Blanche aux USA s’est déclarée n’être pas responsable du processus de délivrance du sérum aux États africains. Entre la situation en Libye où l’un des chefs de la police a été tué et Ebola, le débat a été vite clôturé. Il a donc été retenu de commencer par Ebola, l’actualité chaude qui est de surcroit une question d’intérêt général.

La transition ne s’est pas faite rapidement, pour la page sport, il a fallu revenir sur Ebola avec les matchs de football qui opposent des pays africains, certains doivent recevoir des délégations en provenance de pays touchés par l’épidémie.

Préparation de la Matinale du lendemain : ce n’est pas pour autant qu’on tournera la page d’EBOLA, déjà pour l’édition du lendemain, le journal va revenir sur les problèmes du nigérian contaminé par un Libérien et sur les problèmes de circulation des populations avec ces mesures de prévention. Ensuite, un petit clin d’œil pour le Soudan du Sud dans les dernières informations. On revient sur Dakar pour aborder la question des poursuites sur les supposés biens mal acquis avec l’audition d’Abdoulaye Baldé, ancien ministre sous Wade et actuel maire de la ville de Ziguinchor avant de boucler sur le Pape, l’Irak et l’Ukraine.

15h00 :
Finalement, il a fallu 30 minutes, pour une réunion initialement prévue pour 8 minutes, à la dream team composée de 9 personnes (7 hommes et 2 femmes) pour préparer la grande sauce de la nuit. Il faut dire que cette réunion à laquelle j’ai assisté pourrait tenir difficilement sur 8 minutes

15h15 : 
Je me suis accordé une petite pause-café avec mon ami journaliste Samba Dialimpa Badji. Une occasion pour creuser sur le sujet du sérum et d’Ebola avec certaines thèses soutenues versant dans les théories du complot.


15h30 : Réunion Visioconférence « BBC Hub » avec tous les bureaux de BBC Afrique (Abuja, Nairobi et Dakar) coordonnée par la BBC Londres. Cette réunion de coordination entre les différentes radios est une session en anglais qui a autant duré que la réunion de rédaction en interne. Elle a permis d’harmoniser les différents contenus des différentes  rédactions.

17h50 : 
Je me prépare pour passer en studio. Mariama Thiam est la journaliste vedette qui aura en charge la présentation de l’édition Afrique Soir de ce 18h sur les ondes de la BBCAfrique 105.6 FM. On m’annonce que je suis l’invité spécial de la rédaction pour cette édition de l’information. Ebola, encore Ebola et beaucoup d’Ebola dans le journal. J’ai noté trois éléments sur la Guinée, le Burkina Faso et le Sénégal. Évidemment, je ne pouvais pas échapper à une question sur l’épidémie ravageuse. Je partage avec vous mes différentes réponses aux questions de Mariama.
En studio avec la présentatrice de BBC soir de ce jour Mariama Thiam


1-      Cheikh, vous avez parlé d’Ebola dans votre blog, vous avez même lancé le mouvement #GiveUsTheSerum qui a obtenu le soutien d’autres blogueurs africains. Quel est l’objectif de ce mouvement ?
Autour du projet Africtivistes qui regroupe les blogueurs, activistes, e-citoyens et netizens africains pour la démocratie, nous nous sommes mobilisés pour aider les populations africaines à vaincre la maladie d’Ebola. Nous nous sommes rendus compte que nos chefs d’État n’ont pas eu le courage de réclamer à Barack Obama ce sérum qui a guéri deux Américains, par devoir moral, nous jeunes africains l’exigeons des autorités américaines et de l’OMS pour nos populations. Pour précisions, ce mouvement #GiveUsTheSerum n’est ni pour quémander, ni pour mendier un sérum. Il est lancé pour interpeller le monde sur ce qui est en train de se passer en Afrique et dans le monde de la santé. Juste pour information aux auditeurs, ce sérum n’est pas un vaccin, c’est un remède curatif qui a sauvé deux vies américaines.

2-      Certainement que les réactions n’ont pas manqué sur votre blog, citez nous en quelques-unes, les réactions qui vous ont le plus marqué ?
Mon blog est devenu un espace d’information, d’échange mais aussi de riches débats. La publication sur mon facebook a reçu hier plus de 50 commentaires très pertinents de la webosphère africaine. La majeure partie des commentaires faisait état du laxisme de nos chefs d’État, de leur manque de politique de prévision, de planification mais aussi certains commentaires sont revenues sur la fameuse thèse de la « théorie du complot » qui dit que les Occidentaux seraient à l’origine du virus Ebola pour des raisons multiples.

3-      D’après le rapport de l’UNICEF, à l’horizon 2050, 2 enfants sur 5 seront sur le continent africain, un vrai défi pour le continent en terme d’éducation notamment, avez-vous une opinion la dessus ?
Comme annoncé par UNICEF dans son rapport, l’Afrique sera la pépinière du monde sur le plan démographique. L’éducation est effectivement la clé mais il convient d’intégrer la dimension des TIC dans toutes stratégies africaines. Cette révolution digitale est une chance pour l’Afrique et c’est à la jeunesse de traduire cette chance en réalité. Dès lors, on peut donc se poser les différentes questions à savoir : comment les TIC vont propulser de nouvelles formes d’engagement civique chez les jeunes ? Comment les TIC peuvent apporter des solutions en encourageant l’engagement des jeunes sur les questions d’ordre politiques, sociales et économiques ? Comment cette nouvelle façon d’affirmer et de vivre sa citoyenneté peut-elle avoir de l’impact dans la bonne marche de la société ?  La réponse à toutes ces questions délivrera cette jeunesse africaine dont l’avenir est pris en otage par les hommes politiques.

4-      Les réseaux sociaux sont de nos jours très utilisés on l’a vu lors des manifestations de ce que certains ont appelé « le printemps arabe », alors Cheikh est-ce que la toile sert aussi à l’implication citoyenne des jeunes africains ?
Quand les Technologies de l’Information et de la Communication bouleversent nos usages, nos rapports avec les autres, nos pratiques, nos comportements, nos causes, nos visions et nos combats, elles bouleversent aussi notre citoyenneté et notre engagement. Aujourd’hui, 80% des utilisateurs des réseaux sociaux en Afrique sont des jeunes. Cette jeunesse constitue aujourd’hui la population la plus dynamique dans les processus de changement et de transformation. Les exemples dans le Maghreb, en Côte d’Ivoire et même ici chez nous au Sénégal durant l’élection présidentielle de février 2012 en sont de belles preuves. La jeunesse africaine a toujours été dynamique. Elle a toujours su utiliser sa force pour faire face à des violations de droits en disant « Non » courageusement et fièrement à des régimes autoritaires. Le passé montre que cette jeunesse a toujours combattu à la hauteur de ses moyens : par la marche, la manifestation, l’interpellation directe, l’affichage, la revendication et le plaidoyer. De nos jours, ces formes d’engagement et de participations sur le plan civique ont évolué. La révolution digitale est venue changer la donne et ouvrir de nouvelles brèches pour outiller cette jeunesse rendant l’engagement civique plus organisé mais aussi plus pertinent à travers les réseaux sociaux.

5-      A Dakar, les manifestations en faveur de la Palestine ont eu lieu dernièrement, quel est votre avis sur la crise israélo – palestinienne ?
Sur cette question, je n’ai qu’une seule réponse : Il est temps d’en finir avec les massacres ! Cependant, si on avait transposé ce conflit sur le territoire africain, il y aurait depuis bien longtemps une intervention militaire de la communauté internationale afin de mettre fin à la crise et de veiller au respect minutieux des différentes résolutions des Nations unies.

18h30 : Réunion de Débriefing
Après la grande édition du soir, c’est le moment de faire le débriefing sur le contenu, le format, la forme, la présentation et le présentateur. Ce fut le moment de revenir sur les coquilles, sur l’organisation mais surtout sur la présentation. Aujourd’hui, les deux producteurs ne semblaient pas trop satisfaits de leur journal car ils attendaient que l’on m’accorde beaucoup plus de temps. Je leur ai répondu que ma présence dans le studio (je dis ça, je dis rien) a intimidé Mariama la présentatrice de ce jour.

A la fin de ma visite, j’ai retenu ces différents mots-clés : méthode, organisation, planification et communication. Un grand bravo à cette belle et jeune équipe qui nous sert en continue de l’information soignée mais surtout vérifiée. Pour le reste, j’emprunterai leur belle phrase sur leur site « pour les connaître, le meilleur moyen est encore de les écouter. »

La radio BBC Afrique est accessible directement en ligne via le site internet de la radio à l’adresse : http://www.bbc.co.uk/afrique/.          

PS : J’ai croisé une journaliste – blogueuse Mila Kimbuini (RDC) concentrée devant son laptop pour boucler un article sur la ville de Dakar qu’elle découvre. Je l'ai donc, rapidement introduite dans le groupe NdadjeTweetup (Rencontre des blogueurs du Sénégal). Découvrez son premier article sur le Sénégal ici

Cliquez ici pour réécouter le journal de ce 12 août 2014 

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