La question m'a été posée hier
durant le premier panel des 43émes Assises de la Presse Francophone
qui se tiennent en ce moment à Dakar. Devant un parterre de
journalistes venu d'horizon d'hivers (plus de 60 pays), ma position a
été sans détour et cela n'a pas plu à certains « experts –
professionnels journalistes de renoms ».
J'avais séquencé mon argumentaire de
façon chronologique :
En 1994, vingt ans derrière, certaines
familles africaines suivaient toujours les informations via un post
téléviseur noir et blanc. Informations délivrées (dans la plus
part du temps) par un seul organe de presse qui reçoit la
déclinaison « d'une presse d'état » car étant la seule
chaîne d'information du pays. Y a vingt ans, on faisait la queue
dans des télécentres pour passer des appels (en faisant une course
contre la montre devant le taxaplus pour éviter d'avoir à payer un
montant qui dépasse la somme prévue. Y a vingt ans, certains
d'entre nous ne lisaient un Journal que deux à trois jours après sa
publication et d'autres ne s’intéressaient point aux
« informations – communiqués officiels et annonces »
publiées dans la presse écrite. La radio peinée à assurer des
« directs ».
En 2004, dix ans après, le monde des
médias a fini d'épouser la dimension TIC (Technologie de
l'Information et de la Communication) dans la conception, la
production et la diffusion de l'information. Les TIC ont rendu plus
accessible, plus flexible, plus facile et plus libre la consommation
de l'information. Le traitement devient plus rapide et la diffusion
touche des millions de personnes en temps record. L'exploitation et
la consommation se bonifient avec l'interactivité et la proactivité.
Le développement des supports a imposé une nouvelle façon
d'informer et le Rich Média est venu apporter une nouvelle réponse
aux exigences des consommateurs. Ces derniers ( constituant souvent
des sources pour les journalistes ) ont fini de devenir eux-aussi des
producteurs d'information et font partie du mécanisme de conception,
production et diffusion.
Aujourd'hui en 2014, cette « TIC :
Technologie de l'information et de la Communication» a laissé la
place à une « TR : Technologie de la Relation». Ce que
nous savons proviennent en général de notre réseau d'amis. Ceux
sont nos contacts, nos amis, nos follower qui nous informent
quotidiennement. C'est ce que nous lisons à travers la publication
d'un ami sur Facebook, ce que nous voyons à travers le Tweet d'un
contact, ce que nous visualisons via une vidéo Youtube partagée par
un internaute. Cette nouvelle dimension qui intègre la source du
journaliste au centre d'un écosystème de diffusion, de partage et
d'exploitation de l'information devrait pousser les journalistes,
maisons de presse à réorienter leur stratégie de production et de
diffusion. Certaines maisons de presse l'ont déjà compris. Al
Jazeera avec AjStream, France 24 avec les Observateurs, RFI avec
Mondoblog... C'est seulement en Afrique qu'un journaliste
professionnel ose te dire que Twitter ou Facebook sont dans l'ordre
des gazouilles exclusivement et que le taux te pénétration
d'internet dans nos pays ne favorise pas une démocratisation de
l'accès à l'information via ces outils ou supports.
Je réponds tout simplement en leur
demandant, est-ce qu'avec l’avènement de la télévision, toutes
les maisons en Afrique étaient équipées de postes téléviseurs ?
Pourquoi diantre vouloir toujours s'appuyer sur l'argument de la
connectivité ? Même dans les pays les plus en avance, on
trouvera des personnes qui n'ont jamais utilisé internet. Au lieu de
comprendre l'évolution du monde et de se mettre à jour pour éviter
de subir cette « révolution digitale », on se retrouve
toujours à s'interroger les uns les autres.
Je reviendrai sur ce sujet de façon plus large avec un dossier sur le plan africain.
Voici ce que je disais de la presse et du Journalisme 2.0 y a deux ans.
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