Photo : @cypher007 |
- Les revenus générés par les journaux numériques ont dépassé ceux de la presse écrite,
- Avec 140 caractères, on peut diffuser une information à une vitesse extraordinaire pour un large public,
- Etats-Unis : plus de lecteurs pour la presse en ligne que pour la presse papier
Se poser donc une telle question
pourrait provoquer les pures players au moment où les médias
traditionnels « classiques » se disent menacés et
semblent être dans la crise face à la montée fulgurante des médias
dits nouveaux ou « médias de masses » propulsés par
Internet.
Pourquoi devrait-on
s’intéresser à l'avenir de la presse en ligne ? Pourquoi
devrait-on accorder une importance toute particulière au nouveau
concept appelé « Journalisme 2.0 » ? Quels
devraient-être les rapports entre les journalistes du vieux monde et
les journalistes en ligne ? Certains se sont permis d'avoir des
espoirs quant à l'avenir de la presse en ligne alors que d'autres,
ne cherchent même pas à se poser de telles questions. Pour eux, la
démocratisation de l'information est déclenchée au point qu'il
n'est plus nécessaire de s'interroger sur les différents
métiers qui régissent cette activité, mais il faudrait plutôt s’intéresser
sur la pertinence et le sérieux avec lesquels les informations sont
diffusées. J'apporte à travers cet article une analyse personnelle sur la
question mais aussi j'ai profité des états généraux de la liberté
de la presse pour recueillir les points de vue de différents experts
en la matière.
L'idée des premiers "pures players" et administrateurs de portails d'information web n'a
pas été de recréer le métier de journalisme ou de faire autrement
le journalisme. Ce fut, tout simplement un besoin de prise de parole
qu'il fallait satisfaire. Prendre la parole en diffusant toutes
actualités ou informations à partir d'une interface virtuelle. Ce système installe donc le diffuseur proche de l'information avec le plus apporté par les
images, le son et les vidéos qui viennent s'ajouter aux textes. Le
lecteur à son tour saisi la parole et peut à chaud dire s'il est
content ou pas, s'il est d'accord ou pas … Ses argumentations et son jugement viennent s'ajouter à l'information
diffusée. À partir de cet instant, le non-journaliste diffuseur
d'information voit son rôle simple au début, gagner en notoriété.
L'intégration des
non-journalistes dans le processus de production de l'information est
considérée comme un effet de bouillonnement dans l'univers des
médias. N'est pas journaliste celui qui n'a pas été formé pour le
devenir, mais est « journaliste citoyen » qui veut avec
la pratique et par l'expérience. Si nous pouvons être informé d'un
coup d'état et de l'assassinat d'un chef d'état à partir de
Twitter, regarder les photos de l'assaut des putschistes et voir le
corps du défunt président sur Facebook, sur flikr, sur instagram ou sur certains portails web, avoir le récit des journalistes citoyens,
blogueurs et journalistes web sur l'évènement … Que devons-nous donc attendre de la
production du journal papier devant paraître le lendemain pour faire
la Une sur une information vieille presque de 24h ? Devons-nous
continuer à payer pour emmagasiner des archives au moment où l'heure
est à l'actualisation des informations en temps réel améliorée
par des illustrations et des vidéos ? Au moment où le support a
complètement révolutionné le traitement de l'information qui à son tour a considérablement influé sur le mode de diffusion.
Selon Patrice Flichy « un média trouve sa définition dans l’articulation d’une technique, d’un mode de financement et d’un contenu » (Flichy, 1993, p. 976). Les réponses des différents spécialistes interrogés nous montrent pourquoi nous devons nous intéresser particulièrement au journalisme 2.0.
Selon Patrice Flichy « un média trouve sa définition dans l’articulation d’une technique, d’un mode de financement et d’un contenu » (Flichy, 1993, p. 976). Les réponses des différents spécialistes interrogés nous montrent pourquoi nous devons nous intéresser particulièrement au journalisme 2.0.
J'ai eu l'occasion de
croiser certains qu'on pourrait qualifier d'expert du domaine. Entre
Ziad Maalouf chroniqueur et animateur de l'émission Atelier des
médias à Radio France Internationale en France, Olivier Sagna de
l’observatoire des technologies Osiris Sénégal, Malek Khadhraoui,
Co-Fondateur de Nawaat Tunisie, Anna Gueye, Chroniqueuse, traductrice et
rédactrice à Global Voices, Ibrahima Lissa Faye président de
l'Association des professionnels de la Presse en Ligne du Sénégal, administrateur du site Pressafrik.com et Basile Niane Président de l'association des blogueurs sénégalais,
j'ai eu à recueillir des avis divers et variés sur la question.
Basile Niane :
Journaliste – blogueur et président de l'association sénégalaise
des blogueurs
Ibrahima Lissa Faye : Directeur de Pressafrik.com et Président de l'association des professionnels de la presse en ligne – APPEL
Olivier Sagna :
Documentaliste et spécialistes des Tics – Fondateur de Osiris.sn
Malek Khadhraoui :
Co-Fondateur de Nawaat Tunisie
Anna Gueye :
Chroniqueuse, rédactrice et traductrice à Global Voices
Ziad Maalouf :
Atelier des médias RFI – France
Pourquoi devrait-on s’intéresser au journalisme en ligne ? Quel avenir pour la presse en ligne ?
Ziad Maalouf :
S'interroger sur quel avenir pour la presse en ligne ? Cela me
paraît étrange. Par contre quel modèle économique pour la presse
en ligne semble être la bonne question. Jusqu'à présent on a pas
vraiment trouvé de véritables modèles économiques. La vraie
question serait quel avenir pour la presse écrite? Maintenant,
s'interroger sur le support c'est comme si on avait un débat sur la
musique et qu'on se demande quel avenir pour le vinyle, je te dirai
qu'à priori qu'il va disparaître et puis finalement ça n'a pas tout à
fait disparu puisque certains continuent toujours d'utiliser les
disques. Personnellement, J'ai aucune crainte pour l'avenir
d'internet et de la presse en ligne.
Malek Khadhraoui :
Je pense déjà qu'il s'agit d'une raison purement générationnelle. La
nouvelle génération est née avec les nouvelles technologies. C'est
devenu tout à fait naturel même si ce n'est pas encore accessible à
tout le monde. Le constat c'est que les médias traditionnels
connaissent actuellement des difficultés financières dues aux modes
de fonctionnement plus lourds et un peu plus structurés qu'un média
en ligne. Pour moi, c'est une alternative intéressante pour monter
un média à moindre coût quelque part. Il y a d'une part, un
changement de culture, un changement de manière de consommer l'information et
d'autre part des impératifs économiques que tous les pays du monde
connaissent.
Olivier Sagna :
Je pense c'est important de s'intéresser à l'avenir de la presse en
ligne parce que nous vivons dans une société où de plus en plus de
gens sont connectés quasiment en permanence à travers les
ordinateurs ou à travers les téléphones portables. De plus en plus,
on voit bien qu'il y a un nombre croissant de gens qui prennent
connaissance des premières informations moins à travers la radio
comme cela se faisait par le passé, moins à travers les journaux,
mais les gens vont d'abord sur internet et les différentes
déclinaisons (facebook, twitter, portails ...) pour
savoir tout ce qui se passe dans le monde. Une source d'information à
temps réel quasiment sans décalage par rapport à cette information
qu'on lit dans les journaux qui est toujours une information avec un jour de décalage (on l'oublie souvent). À la radio, il existe quand même un décalage de quelques heures. Par contre sur internet, on peut
avoir l'information à temps réel en continue de manière quasiment
instantanée.
Anna Gueye :
On ne parle plus de l’avenir de la presse en ligne car elle est
maintenant installée, certains « journaux »
comme ASI, Mediapart ou Rue89 sont
même entièrement en ligne. La presse en ligne fait maintenant
partie du quotidien des gens. Les grands journaux (quotidiens,
hebdomadaires, mensuels) ont leur site Internet avec des
articles gratuits et d’autres en accès payants. Certains proposent
d’acheter leur journal sous forme de fichiers à télécharger et
pratiquement tous proposent des applications pour Smartphones.
Ibrahima Lissa Faye :
Un avenir radieux et intéressant pour la presse en ligne mais avec
beaucoup d'actes à poser et des efforts à faire. On dit souvent que
la "Presse en ligne" est l'avenir de la Presse. Le coût du papier, de
l'impression et de la distribution est de plus en plus élevé. Les
gens donc vont tôt ou tard se rabattre sur le net. Mais, se rabattre
sur le net impose des coûts. Il faut d'abord un projet éditorial. Savoir
ou aller et ou se positionner en terme de projet éditorial. On peut
pas mettre en place un portail ou un journal en ligne sans pour
autant se demander ce que l'on veut et où on est censé se rendre.
Qui dit cela parle du respect des règles journalistiques et du
respect de l'éthique et de la déontologie. En ce qui me concerne,
je pense qu'il faut un réel encadrement au moment ou on parle de
boom de la presse en ligne. Il faudrait plus de professionnalisme
pour mieux harmoniser et encadrer cette presse électronique.
Basile Niane : Je dirai que c'est un avenir très
prometteur parce que tout va tourner autour de cette presse en ligne.
Elle est un univers ouvert, qui n'est pas du tout fermé dans lequel
chacun peut dire ce qu'il a envie de dire, ce qui n'est pas le cas
avec la presse traditionnelle. Nous avons remarqué les changements
intervenus dans certains pays avec l'apport de cette presse. Le cas de
certains pays du Maghreb et dernièrement le cas du Sénégal, où les
jeunes se sont accaparés de ces médias pour dire et défendre des
causes démocratiques et citoyennes.
Internet avec ces nouveaux outils et ces nouvelles pratiques pour le traitement et la diffusion de l'information, pourrait-on donc parler de journalisme 2.0 ?
Ziad Maalouf :
On peut bien parler de 2.0 qui veut tout simplement dire la dimension
participative d'internet. Ce qui m'interesse le plus, au lieu de
faire le constat de ce qui se passe, c'est essayer de sentir les
choses pour imaginer un peu ce qui va arriver. Passer mon temps a
analyser ou a expliquer ce qui y a déjà pour que le plus grand
nombre comprenne, je le fais une fois, deux fois, au bout d'un moment
ça ne m’intéresse plus. Donc, journaliste : c'est cela qui est
important. Tu peux mettre « citoyen », « 2.0 »
ou tout ce que tu veux. Ce qui compte c'est le journaliste avec
l'idée que le journaliste c'est de l'information vérifiée,
crédible. Tout le reste, c'est des adjectifs qui sont moins
importants que la fonction de journaliste.
Malek Khadhraoui :
Je ne pense pas que le métier lui même change. Les bases, les règles
du métier ne changent pas maintenant. Par contre les journalistes
traditionnels ou classiques sont encore déroutés par le fait que
les lecteurs puissent réagir avec eux et en temps réel. Avant, ils
écrivaient leur papier et ils n'avaient pas de compte à rendre ou à
répondre aux interrogations. Aujourd'hui, l'article au moment où
il est mis en ligne, il reçoit les réactions des lecteurs, qui
critiquent ou qui rectifient. Donc, les journalistes sont au même
niveau que ses lecteurs. Cela nécessite une adaptation de la part des journalistes classiques par rapport à
ce nouveau mode de diffusion de l'information. À partir de là, on
peut parler d'un journalisme 2.0. Aujourd'hui le journaliste a des
outils à sa disposition qui lui permet d'avoir son propre blog, de faire
du podcast, d'être sur Twitter pour un complément d'information … Alors, si on peut parler de 2.0, pourquoi pas.
Olivier Sagna :
Oui, je crois qu'il existe un journalisme 2.0, un journalisme citoyen qui
apparaît avec ces outils proposés par Internet. La grande
révolution (si on parle de révolution d'Internet), c'est de faire en
sorte que la grande majorité des citoyens qui dans le passé était
des consommateurs d'information (ils achetaient les journaux, ils
payaient des redevances pour regarder la télévision, ils suivaient
des émissions de radio qui étaient sponsorisées par la publicité, il consommaient l'information qui leur est envoyée), deviennent des acteurs dans la diffusion de cette information. Maintenant avec
les outils du web 2.0, n'importe quels citoyens qui sait utiliser un
ordinateur, qui dispose d'une connexion internet, peut se transformer en
producteur d'information. Cela change beaucoup de choses notamment
dans nos pays ou depuis longtemps nous avons eu le quotidien
national, la radio nationale, la télévision nationale. Il y avait
vraiment un besoin de parole dans la société notamment avec
l'émergence des mouvements citoyens. On voit de plus en plus des
gens qui n'ont rien d'un journaliste, prendre la parole à travers
les médias sociaux, à partir de compte Facebook, compte Twitter ou
des Blogs. C'est quelque chose qui participe au développement de la
liberté d'expression non plus limitée et réduite aux journalistes
mais véritablement qui s'étend à l'ensemble des citoyens. De ce
point de vue c'est une extension de la sphère publique à travers
des outils qui sont le plus souvent des outils privés et qui deviennent pour certains des compagnies côtés en bourse.
Anna Gueye :
Les versions en ligne et imprimées ne touchent pas forcément les
mêmes publics. Les lecteurs du web seraient en moyenne plus jeunes.
Mais le fait de visiter le site d’un journal en ligne attire
certains lecteurs vers la version papier car l’objectif de ces
sites est d’attirer les lecteurs vers la version papier grâce à
un contenu de qualité. Le New
York Times permet de consulter gratuitement un certain
nombre d’articles. Lorsque quelqu’un commence à être lecteur
régulier du journal en ligne le site propose un abonnement payant. Donc les supports papier
et web sont complémentaires tout en répondant à différentes
attentes car il y a des lecteurs intéressés par les 2 ce qui change
le métier des journalistes qui doivent avancer avec la
technologie et savoir manier les nouveaux outils (wiki, flux RSS,
blogs…). Je pense que penser
que la presse en ligne menace le mode de fonctionnement de la presse
traditionnelle c'est faire fausse route : les deux
sont complémentaires. Voila
ce qu'écrit Daniel Schneidermann d'ASI ce matin : "... je
ne suis pas sûr que le reportage soit adapté à un site comme le
nôtre. Disons-le brutalement: sur Internet, il faut dénoncer. Il
faut que ça fuse, que ça buzze, que ça se twitte. L'info sur
Internet, et notamment ici, est le domaine du nécessaire, et laisse
peu de place à la nuance" Pour simplifier,
Internet pour dénoncer et la presse écrite pour
analyser, faire des reportages ...
Ibrahima Lissa Faye :
Évidemment, on peut parler de « Journalisme 2. 0 »
car ce que l'on est en train de vivre c'est du « Rich Media ».
Qui dit Rich Media parle de la synthèse de tout : l'écriture
Web au vrai sens du terme et l'écriture journalistique. Également,
il y a l'aspect social et participatif du journalisme en ligne. On
peut bien entendu parler de Journalisme 2.0
Basile Niane : Je parlerai pas de journalistes traditionnels et de journalistes citoyens. Pour moi c'est une complémentarité entre ces deux mondes. À mon avis la presse traditionnelle ne va pas disparaître car cette presse en ligne est née de cette presse traditionnelle. On aura beaucoup de changements avec le temps parce que tout le monde se tournera vers cette presse en ligne. Mais cela ne veut pas dire « la mort de la presse écrite ». Certains ont gardé l'habitude de lire des journaux et ils ne comptent pas rompre cela.
Aujourd'hui, certains sont journalistes de métier parce que journalistes de formation et d'autres sont journalistes citoyens parce que pratiquant avec l'envie de partager de l'information. Quelle serait la relation entre le journaliste traditionnel et le journaliste citoyen ?
Ziad Maalouf :
Pour moi il ne s'agit pas d'institution. Ce qui est important pour moi
c'est la question de l'information vérifiée. C'est le fait que les
gens doivent avoir conscience que véhiculer de l'information ce
n'est pas quelque chose d'anodin. Une information n'est pas quelque
chose de banale, il faut qu'elle soit vérifiée sinon elle devient
dangereuse quand elle est fausse. La crédibilité et le sérieux
différencient les uns des autres. Un blogueur peut être plus
crédible qu'un journaliste de métier et inversement. Tout ce qui
compte pour moi c'est le contenu et sa crédibilité et non le métier
qui va avec. Cela pose la question sur les cartes de presses. Si ces dernières sont délivrées que pour interdire à d'autres d'avoir accès à certaines cérémonies, certaines réunions ou autres, cela n'a plus d'importance. Soit, on en fait pour tout le monde, soit on supprime une bonne fois ces cartes.
Malek Khadhraoui :
On le voit dans plusieurs pays peut démocratiques ou dictatoriaux
que les « journalistes citoyens » ont été beaucoup plus
téméraires et courageux que les journalistes traditionnels pour
relier les informations ou dénoncer les exactions dans ces pays là.
Certains d'entre eux ont gagné leur lettre de noblesse quelque part.
Aujourd'hui, posséder l'information est un pouvoir. Donc, permettre
de diffuser cette information, de la démocratiser et de la rendre
accessible au plus grand nombre fait partie de ce nouvel équilibre
de pouvoir. On dit que la presse traditionnelle est un quatrième
pouvoir, la presse alternative ou électronique est un cinquième
pouvoir. Le pouvoir du citoyen qui s'accapare de l'information. Il
n'est plus passif ni consommateur tout simplement de cette
information. Il l'a crée, il l'a commente et il l'a corrige en
ligne. Désormais, il a son rôle. Et certains d'entre eux atteignent
un niveau de journalisme professionnel qui respect les droits de
déontologie du journaliste qui sont valables pour tous. C'est à
dire, ne peut faire dans la diffamation, ne peut publier des mensonges et aussi avoir plusieurs sources pour ces
informations … Une chose nécessaire même pour le journaliste
citoyen.
Olivier Sagna :
Fondamentalement pour la presse
dite classique, l'enjeu c'est une transformation de ces médias vers
une intégration de ces nouveaux médias et notamment des médias
sociaux. Je ne vois pas aujourd'hui comment est ce qu'on peut faire
de la presse écrite ou comment est ce qu'on peut faire de la radio
en voulant ignorer l'évolution technologique. Ce sont certes des
adaptations qui sont un peu lentes parce que souvent dans les
rédactions ont a des journalistes qui ne sont pas familiers des ces
outils contrairement aux journalistes citoyens qui sont en quelque
sorte des « digital native ». C'est à dire des gens qui
sont nés avec ces outils (ordinateurs, courriels, smartphones ...),
qui possèdes des appareils qu'ils utilisent naturellement et dans la
vie de tous les jours pour faire leur travail de journaliste. Il est
clair que les médias qui ne seront pas en mesure d'utiliser ces
opportunités offertes par ces nouveaux outils, je dirai qu'ils sont
voués à disparaître parce que les gens ne comprennent pas que
l'information ne possède pas une dimension multimédia, qu'elle ne soit
pas en temps réel, qu'elle ne soit pas mixée avec des images, du
son … Pour toute une série de métiers, aujourd'hui et demain, la
question est être sur internet ou ne pas être. Les gens qui ne
seront pas dans cet espace seront voués plus ou moins à disparaître
à part des publications je dirai, très spécialisées.
Ibrahima Lissa Faye :
Il doit y avoir une collaboration saine, une entente entre les deux.
Je pense que les journalistes de la presse traditionnel ont des
choses à prendre chez nous avec les outils et services, mais nous
aussi nous avons besoin de nous ressourcer chez eux. Nous avons
besoin de connaître les fondamentaux, de se reformer ou même de
s’imprégner des techniques journalistiques. Pour mon cas, je suis
à un niveau ou très souvent j'organise mes réunions de rédactions
en ligne via skype et autres
Basile Niane : Oui, on peut même parler de « Data Journalisme ». C'est-à-dire, des journalistes spécialisés dans le domaine de ces nouveaux médias comme les réseaux sociaux et autres, des journalistes de données. Des journalistes qui se focalisent sur des données pour faire des enquêtes. On va vers ce type de journalisme. Avec l'avancée des technologies, ça va évoluer du jour au lendemain et nous tendons vers ce journalisme 2.0 avec l'utilisation surtout des réseaux sociaux.
Ces différentes interventions nous montrent comment les journalistes citoyens doivent être considérés comme des journalistes d'une presse qui serait appelée "Presse en ligne". Une presse qui se positionne comme un cinquième pouvoir et qui serait beaucoup plus objective avec des acteurs plus engagés et plus libre dans leur démarche.
De nos jours, une information, même si elle est pertinente, si elle ne génère pas du bruit à travers les réseaux sociaux, elle restera moins percutante. « Au point que le vieux journalisme de terrain, ici décrit comme capable de rendre compte des nuances, prend des allures de discipline classique aussi ancienne qu’admirable. Il n’est pas loin le temps où l’on s’éblouira à la lecture d’un papier du Monde, du Point ou de Ouest France comme on admire la délicatesse de la technique du sfumato chez Vinci, ou la musicalité gracieuse d’une phrase balzacienne. Qu’on me permette de sourire à la vue de cet effondrement des rêves utopistes que j’attendais, je l’avoue, avec une certaine impatience. » (La Plumed'Aliocha ).
Un peu de lecture sur la question ...
« Les juristes n'aiment pas le terme « vide juridique ». Mais il est claire que cette presse en ligne échappe à la régulation des médias. Les agence régulent les dispositifs mais ne régulent pas les contenues. » Olivier Sagna.
Désormais, la Presse devra compter sur le nouveau concept imposé par Internet : "Info-interaction" qui à la fois donne la parole aux non-journalistes et rend le lecteur acteur du dispositif. C'est à lui de lire, de commenter, de partager et d'assurer le bruit derrière. « Si cette
spécificité peut être
sa force, elle peut également être sa
faiblesse. En effet, le fait qu’il soit dans la nature même du
journalisme de s’ouvrir à des pratiques et à des conceptions
professionnelles différentes rend celui-
ci sujet à diverses
influences. Sa perméabilité en fait une activité qui, certes,
s’habitue sans cesse
aux changements, mais qui reste simultanément
très malléable. » (Khaled
Zouari : La presse en ligne : vers un nouveau média ? p. 4)
Je ne serai pas aussi prétentieux à
vouloir peindre le futur de la presse papier comme certains se sont
amusés à le faire. Je terminerai ce billet en reprenant ce célèbre
Tweet aussi ironique qu'édifiant de Yves Lande @LANDEYves :
« À ceux qui craignent que la presse papier ne survive pas à
Internet, rassurez-vous, personne ne penserait à allumer un barbecue
avec un iPad »
Je veux poser la question du modèle payant.
RépondreSupprimerSelon les pays, on pourrait imaginer que tout ce qui est sur Internet DOIT être gratuit (ce que je récuse d'ailleurs).
Partant de là, comment rémunérer les journalistes de la presse en ligne dans des pays ou la publicité sur Internet tarde à décoller?
La presse en ligne n'a-t-elle pas plus créé de nouveaux "consommateurs" de l'information au lieu de déplacer les "consommateurs" classiques de la presse papier?
Est-ce que tous ceux qui achetaient la presse-papier sont aujourd'hui prêts à passer à un support numérique? Si oui, à quel prix ? (hors prix d'acquisition du support ou du terminal).
En définitive, Internet et tout ce qui en dépendre ou en dépend nécessite une réflexion autour de la monétisation.
Encore une fois merci pour l'article
Très bonne remarque cher @Visibiliweb
SupprimerDans mon billet, Ziad, Anna et Olivier Sagna ont tous abordé la question d'un réel modèle économique de la presse en ligne. Je pense tout comme vous aussi qu'il s'agit d'une question qui mérite d'être creusée. Pour moi, modèle économique de la presse en ligne ne veut pas forcément signifier une mise en vente des publications ou de l'accès à certaines informations. L'internet à tellement démocratisé l'accès à l'information qu'il sera très compliqué de faire payer ce service. Déjà avec les journalistes citoyens, y'a de moins en moins un besoin de monétisation du service rendu.
Bonne réflection Cheikh, Mais mon problème reste le copied content. Le matin au Sénégal, si je lis le contenu d'un site, je retrouve le même contenu sur les d'autres sites d'actualité et je pense que c'est une chose qu'on doit éradiquer avant de parler de l'avenir de la presse en ligne. Le contenu unique reflète l'identité et la détermination d'un groupe de presse online, mais quand je vois des grandes entités pécher même sur les petites qui viennent même de voir le jour, je me dis qu'ils ne se soucis pas de la propreté du web.
RépondreSupprimerMerci @Phatsarr pour ton commentaire.
SupprimerCela est aussi une réalité de la culture web sénégalaise. Ça explique encore une fois le manque d'organisation dans le monde de la presse en ligne. Au Sénégal, il n'existe que 3 rédactions spécifiquement "rédactions Presse en ligne" : Pressafrik, nettali et ferloo. Tout le reste n'est que portail d'information qui très souvent s'appuient sur la presse écrite, la radio ou la télé pour publier des articles. Bien entendu, après le reste ne se contente que de copier - coller pour étoffer leur interface.
À part les blogs propulsés par le journalisme citoyen, il est difficile de miser sur un contenu unique de la Presse en ligne sénégalais.
@PhatSarr :
RépondreSupprimerJustement ! Mais comment réclamer un contenu original et unique lorsqu'une équipe de presse n'est pas disponible pour les rédiger?
Les pros de la presse sont là... ils peuvent très bien rejoindre le web... Mais comment payer le photographe, le webdesigner, le reporter et l'intégrateur web lorsque les lecteurs ne paient pas pour le contenu et que la publicité générée par le site qui sert de support ne suffit pas ?
@visibiliweb
RépondreSupprimerBonne remarque, mais je crois qu'il faut aussi répondre à une autre question: pourquoi les sites d'actualité sénégalais faisant du contenu unique décrochent-ils des Pubs et plus d'audiences. C'est parce qu'ils ont le trust de Google et que leur Url reste bien positionné sur les moteurs de recherche. Aujourd'hui, Google a su mettre en oeuvre une mise à jour visant à détruire les sites ayant du contenu dupliqué. C'est à dire que les deux site web (le site qui a rédigé le bon contenu et le site pêcheur de contenu) subiront une baisse de positionnement et même une sanction visant à vous positionner à la dernière position sur chaque requête concernant vos deux site web. Donc le problème est un peu difficile à réglé.