Une
technologie nouvelle impose toujours de nouvelles pratiques. Je suis
donc particulièrement convaincu que les pratiques dites nouvelles
par le biais d’Internet ne peuvent être significatives que si
l'approche que nous avons d’Internet ne soit redéfinie pour donner
une dimension toute particulière au Journalisme 2.0
États
des lieux sur le Journalisme 2.0
L'encyclopédie
libre Wikipédia place la naissance du concept 2.0 entre 2003 et 2005
et définit le Web 2.0 comme étant un « ensemble des
techniques, fonctionnalités, usages et interfaces du Web permettant
aux internautes ayant peu de connaissances techniques de s'approprier
les nouvelles fonctionnalités du Web ». Ainsi, les
utilisateurs deviennent des acteurs. À partir de cette orientation,
le « journalisme 2.0 » pourrait donc être défini comme
étant « Une production, un traitement et une diffusion de
l'information par des non-journalistes sur le Web ». Mais,
peut-on cantonner le « journalisme 2.0 » uniquement sur
Internet ? Une certaine pratique qui a précédé la production
de contenu sur Internet montre parfaitement qu'une certaine presse
traditionnelle (presse écrite et radio) faisait appel à des
citoyens pour produire leur contenu. Je peux citer les nombreuses et
pertinentes pages consacrées aux différentes contributions dans les
journaux, les nombreuses émissions à caractère participatives
mettant à contribution les auditeurs dans de nombreuses radios, etc.
Cependant,
il est à noter que le concept 2.0 qui renvoie exclusivement au Web
nous autorise à aborder la question du « journalisme 2.0 »
avec une dimension technologique et numérique.
Journalisme
2.0 : La rencontre entre l'informatique et l'information :
Traitement, Diffusion, Exploitation et Impacts
L'accès
à l'information démocratisé par les médias dits nouveaux a
complètement bouleversé le traitement qui en est fait. La
synchronisation ou tout simplement la relation bidirectionnelle entre
les « données » et l'informatique a permis un nouveau
traitement. Plus besoin d'attendre la parution du journal papier le
lendemain de l’explosion d'une bombe suite à une attaque
terroriste, inutile aussi d'attendre la grande édition du journal
télévisé le soir pour connaître les différents gagnants d'une
cérémonie de César ou d'Oscar. L'information est traitée en tant
que « données » par le simple utilisateur d'un média
social qui la diffuse pour qu'elle soit reçue et exploitée en tant
qu'information. Cette information sera ensuite relayée pour un
réseau plus large en un temps record et très souvent sur plusieurs
interfaces à la fois.
Entre
1970 et 1980, le monde a connu l'une des révolutions la plus
spectaculaire et la plus extraordinaire. L'ordinateur.
Cet
outil qui a la capacité de réfléchir pour des multitudes de
requêtes, qui permet l'interaction entre personnes, entre personnes
et objets et d'emmagasiner autant de données que possible, a vu son
prix baisser au moment où ses capacités se développent de jour en
jour.
Pourquoi
devrait-on accorder une importance toute particulière au nouveau
concept du « Journalisme 2.0 » ? Quels devraient
être les rapports entre les journalistes du vieux monde et les
journalistes en ligne ? Les espoirs qu'on s'est permis d'avoir
sur le futur de la presse en ligne ont-ils favorisé une montée en
puissance durant ces dix dernières années ?
Le
traitement
de l'information n'est plus l'apanage des médias traditionnels.
L'information devient de nos jours une production
des acteurs qui en font souvent sa diffusion. Elle est produite puis
diffusée sans traitement particulier basé sur des règles
journalistiques. Ce traitement est souvent fait par de nouveaux
acteurs, d'où l'intégration des non-journalistes dans le processus
de traitement de l'information. Ce bouillonnement dans l'univers des
médias en change les pratiques pour donner naissance à un nouveau
métier qui pourrait être appelé « Journaliste 2.0 ». À
partir de ce moment, n'importe qui, disposant d'un ordinateur, d'une
connexion internet, peut se transformer en diffuseur d'information.
Ainsi, les anciens consommateurs de l'information deviennent
maintenant les producteurs d'information. Ce bouleversement s'est
traduit par un « besoin de parole » des citoyens qui
durant des années étaient obligés de recevoir une production
d'information diffusée en sens unique suivant des orientations
spécifiques. À partir du moment ou un amateur, c'est-à-dire
quelqu'un dont le journalisme n'est pas le métier, peut diffuser une
information capitale et fiable, nous pouvons bien entendu affirmer
comme Francis Pisani que « l'audience » devient le
« diffuseur ».
L'impact
de cette nouvelle donne est réelle. Un nouvel écosystème
informationnel est donc né. Aujourd'hui, l'implication des
journalistes-citoyens dans des questions de gouvernance et des
questions politiques ont eu pour effet, dans certains pays, la chute
d'un régime, et dans d'autres pays, une transition démocratique
suite aux résultats des urnes. Vu comme un cinquième pouvoir, le
journalisme citoyen est aujourd'hui un baromètre politique dans les
pays qui se réclament démocratiques.
Nouveaux
acteurs et nouveaux métiers
Il
est vrai que ce n'est pas le marteau qui fait l'ouvrier mais il est
aussi indéniable que l'ouvrier n'est pas le seul à savoir utiliser
un marteau. Entre l'acteur et le métier, il est évident que
l'apprentissage contribue à l'efficacité des résultats.
Les
acteurs :
- Blogueurs;
- Cyber-activistes;
- Journalistes-citoyens;
- Citoyens utilisateurs.
Avec internet et ses outils,
les pouvoirs n'ont plus le monopole de l'information dans un
processus démocratique
Nouveaux
métiers et nouvelles attentes :
- Démocratie participative;
- Vers une nouvelle démarche E-citoyenne;
- E-démocratie (qui ne signifie pas un vote électronique ou E-vote mais une démocratie consolidée par une vraie communication et une liberté des médias);
- Soft-revolution (révolution non-sanglante faite par le biais d’Internet)
Une
démocratie sans une presse libre et citoyenne n'est qu'une chimère
d'une ambition déclarée. Les médias doivent construire la nation
et le citoyen doit être au centre du système.
Que
pouvons-nous attendre du journalisme citoyen ? Je peux dire que
tout est réuni avec le journalisme et la démocratie 2.0 pour
modifier de façon substantielle les relations entre les politiques
et les citoyens. Néanmoins, il est quand même évident que le
journaliste de métier ne devrait pas se laisser absorber par la
vague de journalistes-citoyens. Il est obligé de se repositionner de
d'associer ces outils nouveaux à son savoir faire. Je reste
convaincu qu'aucun état démocratique ne doit en aucun cas être
dérangé par les médias.
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