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samedi 5 mai 2012

Journalisme et démocratie 2.0 : nouveaux acteurs et nouvelles attentes




Une technologie nouvelle impose toujours de nouvelles pratiques. Je suis donc particulièrement convaincu que les pratiques dites nouvelles par le biais d’Internet ne peuvent être significatives que si l'approche que nous avons d’Internet ne soit redéfinie pour donner une dimension toute particulière au Journalisme 2.0

États des lieux sur le Journalisme 2.0

L'encyclopédie libre Wikipédia place la naissance du concept 2.0 entre 2003 et 2005 et définit le Web 2.0 comme étant un « ensemble des techniques, fonctionnalités, usages et interfaces du Web permettant aux internautes ayant peu de connaissances techniques de s'approprier les nouvelles fonctionnalités du Web ». Ainsi, les utilisateurs deviennent des acteurs. À partir de cette orientation, le « journalisme 2.0 » pourrait donc être défini comme étant « Une production, un traitement et une diffusion de l'information par des non-journalistes sur le Web ». Mais, peut-on cantonner le « journalisme 2.0 » uniquement sur Internet ? Une certaine pratique qui a précédé la production de contenu sur Internet montre parfaitement qu'une certaine presse traditionnelle (presse écrite et radio) faisait appel à des citoyens pour produire leur contenu. Je peux citer les nombreuses et pertinentes pages consacrées aux différentes contributions dans les journaux, les nombreuses émissions à caractère participatives mettant à contribution les auditeurs dans de nombreuses radios, etc.
Cependant, il est à noter que le concept 2.0 qui renvoie exclusivement au Web nous autorise à aborder la question du « journalisme 2.0 » avec une dimension technologique et numérique.

Journalisme 2.0 : La rencontre entre l'informatique et l'information : Traitement, Diffusion, Exploitation et Impacts

L'accès à l'information démocratisé par les médias dits nouveaux a complètement bouleversé le traitement qui en est fait. La synchronisation ou tout simplement la relation bidirectionnelle entre les « données » et l'informatique a permis un nouveau traitement. Plus besoin d'attendre la parution du journal papier le lendemain de l’explosion d'une bombe suite à une attaque terroriste, inutile aussi d'attendre la grande édition du journal télévisé le soir pour connaître les différents gagnants d'une cérémonie de César ou d'Oscar. L'information est traitée en tant que « données » par le simple utilisateur d'un média social qui la diffuse pour qu'elle soit reçue et exploitée en tant qu'information. Cette information sera ensuite relayée pour un réseau plus large en un temps record et très souvent sur plusieurs interfaces à la fois.
Entre 1970 et 1980, le monde a connu l'une des révolutions la plus spectaculaire et la plus extraordinaire. L'ordinateur.
Cet outil qui a la capacité de réfléchir pour des multitudes de requêtes, qui permet l'interaction entre personnes, entre personnes et objets et d'emmagasiner autant de données que possible, a vu son prix baisser au moment où ses capacités se développent de jour en jour.
Pourquoi devrait-on accorder une importance toute particulière au nouveau concept du « Journalisme 2.0 » ? Quels devraient être les rapports entre les journalistes du vieux monde et les journalistes en ligne ? Les espoirs qu'on s'est permis d'avoir sur le futur de la presse en ligne ont-ils favorisé une montée en puissance durant ces dix dernières années ?
Le traitement de l'information n'est plus l'apanage des médias traditionnels. L'information devient de nos jours une production des acteurs qui en font souvent sa diffusion. Elle est produite puis diffusée sans traitement particulier basé sur des règles journalistiques. Ce traitement est souvent fait par de nouveaux acteurs, d'où l'intégration des non-journalistes dans le processus de traitement de l'information. Ce bouillonnement dans l'univers des médias en change les pratiques pour donner naissance à un nouveau métier qui pourrait être appelé « Journaliste 2.0 ». À partir de ce moment, n'importe qui, disposant d'un ordinateur, d'une connexion internet, peut se transformer en diffuseur d'information. Ainsi, les anciens consommateurs de l'information deviennent maintenant les producteurs d'information. Ce bouleversement s'est traduit par un « besoin de parole » des citoyens qui durant des années étaient obligés de recevoir une production d'information diffusée en sens unique suivant des orientations spécifiques. À partir du moment ou un amateur, c'est-à-dire quelqu'un dont le journalisme n'est pas le métier, peut diffuser une information capitale et fiable, nous pouvons bien entendu affirmer comme Francis Pisani que « l'audience » devient le « diffuseur ».
L'impact de cette nouvelle donne est réelle. Un nouvel écosystème informationnel est donc né. Aujourd'hui, l'implication des journalistes-citoyens dans des questions de gouvernance et des questions politiques ont eu pour effet, dans certains pays, la chute d'un régime, et dans d'autres pays, une transition démocratique suite aux résultats des urnes. Vu comme un cinquième pouvoir, le journalisme citoyen est aujourd'hui un baromètre politique dans les pays qui se réclament démocratiques.
Nouveaux acteurs et nouveaux métiers
Il est vrai que ce n'est pas le marteau qui fait l'ouvrier mais il est aussi indéniable que l'ouvrier n'est pas le seul à savoir utiliser un marteau. Entre l'acteur et le métier, il est évident que l'apprentissage contribue à l'efficacité des résultats.
Les acteurs :
  • Blogueurs;
  • Cyber-activistes;
  • Journalistes-citoyens;
  • Citoyens utilisateurs.

Avec internet et ses outils, les pouvoirs n'ont plus le monopole de l'information dans un processus démocratique

Nouveaux métiers et nouvelles attentes :
  • Démocratie participative;
  • Vers une nouvelle démarche E-citoyenne;
  • E-démocratie (qui ne signifie pas un vote électronique ou E-vote mais une démocratie consolidée par une vraie communication et une liberté des médias);
  • Soft-revolution (révolution non-sanglante faite par le biais d’Internet)

Une démocratie sans une presse libre et citoyenne n'est qu'une chimère d'une ambition déclarée. Les médias doivent construire la nation et le citoyen doit être au centre du système.

Que pouvons-nous attendre du journalisme citoyen ? Je peux dire que tout est réuni avec le journalisme et la démocratie 2.0 pour modifier de façon substantielle les relations entre les politiques et les citoyens. Néanmoins, il est quand même évident que le journaliste de métier ne devrait pas se laisser absorber par la vague de journalistes-citoyens. Il est obligé de se repositionner de d'associer ces outils nouveaux à son savoir faire. Je reste convaincu qu'aucun état démocratique ne doit en aucun cas être dérangé par les médias.

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