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vendredi 20 janvier 2012

SENEGAL : Une campagne présidentielle à l'heure d'Internet

Avec les Web 2.0, nous assistons aujourd'hui à une explosion fulgurante des outils web à tendance communicationnelle et relationnelle. Au moment où le web devient un « web de comportement » et de « sociabilisation » à plusieurs égards, au moment où le web devient la première source de partage et de recueil d'information en se positionnant comme un écosystème informationnel, il devient presque regrettable voir même honteux de découvrir des candidats à une élection présidentielle qui ne sont même pas connus de Google. Cela va de soi que quand on a un parcours digne de ce nom au point de vouloir briguer un mandat présidentiel, qu'on se donne les moyens et les possibilités d'exister et d'être visible sur la toile. Mettre a profit cette « Technologie Relationnelle » pour informer, diffuser, partager et défendre ses propositions si bien entendu la candidature est accompagnée par un réel programme de société et de développement.

Je ne reviendrai pas ici sur le rôle que Facebook à joué pour la victoire de Obama en 2008. Je ne parlerai pas non plus de l'influence des réseaux sociaux durant le « printemps arabes ». Je ne ferai pas du tout état du dynamisme de certains présidents dans les réseaux sociaux (Facebook) et plateforme de microblogging (Twitter). Mais je m'indignerai de plein fouet contre cette volonté délibérée de nos politiciens et dirigeants à relayer les médias numériques au second plan.
Olivier Sagna soulignait ceci dans son Éditorial de Batik n° 148 de novembre 2011 : « Alors que les forces politiques et sociales tout comme la société civile se mobilisent en direction de l’élection présidentielle du 26 février 2012, la campagne électorale est d’ores et déjà placée sous le signe des technologies de l’information et de la communication (TIC) et plus particulièrement de Facebook. Certes, d’aucuns diront qu’il ne s’agit pas d’une nouveauté tant le téléphone portable et les radios FM avaient joué un rôle important lors de l’élection de 2000 qui avait sonné le glas de quarante ans de règne du Parti socialiste (PS) sur la vie politique sénégalaise et la survenue de l’Alternance. »
Devrait-on se focaliser sur le taux de pénétration de Facebook au Sénégal qui tourne autour de 67,24% et se dire que l'Internet et l'explosion des médias des masses ne pourraient pas influer sur ces élections ? Devrait-on regarder les candidats continuer à utiliser les canaux de communication traditionnels et laisser en marge le monde des blogs, le développement des sites de démocratie participative, le monde et le réseau des plateformes inter-connectés pour la diffusion et le partage de l’information ? 

À quelques jours d’une élection que certains qualifient d’historique, plus d’une vingtaine de candidats se sont déjà déclarés et parmi eux, certains n’ont même pas de traces sur Google, à défaut d’un site web professionnel ou même d’une page fan officielle Facebook capable de leur assurer une meilleure visibilité et une bonne E-réputation. 

En tant que blogueur, nous pouvons dire que ceux ne sont pas des initiatives qui manquent. L’association des blogueurs sénégalais a mis en place une plateforme citoyenne dénommée sunu2012 pour permettre à chaque candidat d’avoir son profil personnel et d’y diffuser toutes les informations afférentes à son programme politique. Une interface web pour donner la parole aux sénégalais Parolesauxsenegalais.com existe avec comme toile de fond le débat et l’échange sur les programmes. L’université Gaston Berger à initié un grand forum dénommé AGORA-UGB pour permettre à chaque candidat de défendre son programme face à des panélistes retransmis sur un web-tv. Aujourd’hui, Google Sénégal prévoit de mettre en ligne une plateforme web qui permettra de publier les résultats au soir de l’élection. Toutes ces initiatives ont semblé être pour les candidats des idées pour des prunes. 

Les candidats à l’élection présidentielle devraient-ils rester en marge de cela ?

Il faudrait par contre noter la candidature de Youssou Ndour qui est venue donner une autre dimension médiatique à cette élection présidentielle. Plus de 600 articles ont été rédigés sur la toile sur la candidature du chanteur sénégalais comme en témoigne cette image qui présente le flux de diffusion sur des articles internet sur la candidature de Youssou Ndour.
Source : @aljazeera_stream

Sur Twitter, le nom Youssou Ndour est resté pendant 2 jours dans le top 10 des tendances twitter. 

Idrissa Seck : Un projet web à la dimension de ces ambitions politiques

Disposant d'un portail internet [http://idy4president.com/] où l'actualité est beaucoup plus mise en exergue que le programme ou la feuille de route du candidat, Idrissa Seck semble avoir investi un budget consistant et attendrait un retour sur investissement sur la toile. Avec plus de 30 000 fans sur sa page officielle Facebook, il est la deuxième personnalité politique la plus populaire sur Facebook après Ibrahima Fall. Il est cependant l'un des candidats les plus réguliers sur Twitter avec @idy4president et alimente couramment ses compte Youtube et Flickr


Macky Sall : Le style innovant et créatif 

Avec http://mackysall.com/ le candidat de l'APR montre qu'il tient à allier les avantages du web et la communication traditionnelle. Un site web évolutif qui a changé de visage trois fois entre 2010 et maintenant (voir l'ancienne version de décembre 2010), sixième personnalité politique sur Facebook avec plus de 7 000 fans (Page Officielle de Macky Sall) et disposant d'un compte twitter, d'un compte dailymotion, d'un compte youtube et d'un blog intégréMacky se présente aujourd'hui comme le candidat le plus présent avec un réseau élargit sur les options du web.

Ibrahima Fall : Leader sur Facebook mais timide sur la toile


Avec ces 32 000 fans sur sa page officielle Facebook, le leader du "Taxaw Temm" caracole en tête du classement des personnalités politiques sénégalaises sur le réseau social. L'un des derniers à arriver sur Facebook, Ibrahima Fall s'est avantagé de la curiosité des sénégalais qui ont pris d'assaut sa page officielle. Par contre, son site internet laisse a désirer. Des liens morts, une présentation sans respect d'une charte graphique. Il est par contre présent sur Twitter @ifall2012 et sur Flickr.

Cheikh Bamba Dieye: Candidat proche des internautes   


Si un candidat s'est montré proche des internautes, il ne peut être que Cheikh Bamba Diéye. Le candidat et maire de la ville de Saint-Louis a très souvent depuis 2010 donné une attention particulière à ses amis sur facebook. Il a publié plusieurs vidéos filmées uniquement pour s'adresser aux citoyens sur internet. Des messages pour informations, des voeux et même des réponses souvent à des questions posées par les internautes. Il a pendant longtemps occupé la tête des personnalités politiques sur Facebook avant de se faire dépasser par Ibrahima Fall, Serigne Mansour Sy Djamil, Idrissa Seck. Même si son programme n'est pas publié sur son site web, ce dernier met l'accent sur son agenda et les différentes activités du candidat.
Sa Page Officielle Facebook | Son compte Twitter | Sa chaîne Youtube 


Abdoulaye Wade : Le candidat qui s'en fou du web 


Le candidat et actuel Président de la république Abdoulaye Wade est l'un des candidats le plus passif sur la toile. Avec un site web aussi pourri qui rappel le web des années 90, Abdoulaye Wade n'est ni présent sur Facebook, ni sur Twitter. À l'opposé du président nigérian Goodluck Jonathan ou Paul Kagamé, Wade ne devrait même pas être au courant de l’existence de tels outils.

C'est vrai que blogs et les réseaux sociaux ne font pas une élection. Il ne suffit encore pas d'être devant son ordinateur pour voter mais des réelles intentions de vote pourraient venir d'une bonne présence sur la toile. La diffusion d'un programme fiable et vérifiable, l'information sur la campagne et les différentes activités, la communication et la réception de feedbacks sincères et objectifs de la part des citoyens sont souvent des avantages à ne pas négliger dans un processus électoral à l'heure de l'explosion des médias des masses. 

Internet ne fait pas une élection, par contre, il peut la prépare, il peut donner les moyens pour gagner des électeurs, il permet d'y faire campagne sans tenir compte d'un quelconque temps de parole contrôlé par une agence de régulation ou autre. Il permet une diffusion à grande échelle de l'information et la garde pérenne pour une exploitation en continue. 

Alors chers candidats, pensez aux citoyens de la diaspora, pensez à ceux qui ne regardent très rarement la télévision ou qui ont besoin à tête reposée d'exploiter vos propositions pour faire leur choix. Soyez pas en marge de cette révolution numérique. 

Certains l'ont compris au point de faire des annonces publicitaires sur facebook dans le but de gagner des fans supplémentaires sur Facebook.
Idrissa Seck qui lance sa campagne Web avec une annonce commerciale sur Facebook 

Cheikh Tidiane Gadio, un récent candidat qui part à l'assaut des internautes sénégalais par une annonce commerciale sur facebook 

Liste des candidats à l'élection présidentielle : http://sunu2012.sn/index.php/les-candidats.html
Suivre les candidats présents sur Twitter : https://twitter.com/#!/cypher007/les-candidats
Plateforme sunu2012 : http://www.sunu2012.sn
Plateforme samabaat : http://samabaat.com/
Plateforme Senelection : http://senelection.org/
Google Tendances recherche : http://www.google.sn/landing/elections/2012/

4 commentaires:

  1. J'avoue que pour prétendre à la présidence, internet est l'outil incontournable pour faire connaitre ces intentions. Un blog ou un site est presque nécessaire pour établir une proximité entre le politicien et le peuple, aspect indispensable puisque l'avis des citoyens comptent.La transparence des infos c'est ce que l'on veut!!!!!
    Mais Abdoulaye Wade fallé wou niou.

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  2. Merci,
    Je confirme que les candidats et hommes politiques n'ont pas encore pris en compte les vrais avantages que pourraient leur offrir ces technologies. Ils préfèrent toujours se focaliser sur les médias traditionnels comme la télé et la radio.

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  3. Bonne analyse et bien détaillée. Je pense aussi qu'un débat sur internet entre candidat pour défendre leur programme serait aussi intéressant.

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  4. Il faut le dire, le Sénégal n'est pas encore un pays à 100% connecté même si nous sommes encore en avant comparé à certains pays d'Afrique. Mais quand même il serait pas mal d'associer ces outils cités dans l'article pour encore donner une autre dimension à ces élections. J'aime bien la plateforme www.sunu2012.sn et j'espère que les candidats en feront bon usage pour leur avantage. Car, avoir une interface commune pour diffuser et partager les programme permettrait plus rapidement au citoyen de faire son choix plus efficacement. Merci Cheikh pour cet article.

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