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jeudi 29 mars 2012

#SUNU2012 : La « Soft revolution » sénégalaise définitivement réussie


Il n'y aura jamais assez de littérature pour parler de l'exemple sénégalais. Une vraie « Présidentielle 2.0 » vient d'être démontrée par les sénégalais connectés sur la toile. Le web a été au cour de cette élection qualifiée d'historique avec une campagne électorale bien particulière.

Sunu2012 est un projet web conçu sur la base d'une initiative citoyenne portée par des jeune sénégalais soucieux de la démocratie et de la transparence. Il s'est inscrit dans la logique de permettre aux citoyens sénégalais de pouvoir faire un bon choix lors des échéances électorales mais aussi à se positionner comme une vraie sentinelle de la démocratie avec un réseau de jeunes cyber-activistes qui s'est engagé à veiller sur la transparence et le respect du processus électoral. 
Le projet a permis aux politiciens de comprendre que les réseaux sociaux sont pour eux un moyen d’être crédible et de valoriser leur image. Suite à mon billet intitulé SENEGAL: Une campagne présidentielle à l'heure d'internet, certains politiciens et candidats à l'élection présidentielle ont vite compris qu'il leur fallait assurer une bonne social média stratégie et l'associer aux médias classiques. C'est vrai que nous en sommes pas encore à la "démocratie participative" ou "délibérative" ni encore au stade du E-vote, mais force est de reconnaître que la web stratégie des cyberactivistes sénégalais a permis de mener une E-mobilisation lors des rassemblements du mouvement Y'en A Marre et M23, une E-sensibilisation pour une forte inscription sur les listes électorales et pour le retrait des cartes d'électeur et une E-révolution quand il a fallu dénoncer les décisions anti-constitutionnelles du pouvoir à quelques mois de l'élection Présidentielle (loi ticket présidentiel, libération des détenus politiques, dénonciation des dérives du gouvernement ...). 


Quand le Blog Citizen-Nantes.com parlait de la "Leçon de démocratie de la blogosphère sénégalaise", nous étions à un mois du scrutin du second tour. Tout était encore possible, mais les E-citoyens ont gardé leur optimisme et se sont inscrits fermement à faire vivre la transparence tout au long de ce processus. 

Grâce aux médias sociaux, les sénégalais ont utilisé internet comme un véritable canal d'influence pour un sursaut citoyen. Plus qu'un outil de communication, le web sénégalais a permis à chaque sénégalais de participer aux débats  démocratiques et citoyens. Contrairement aux médias classiques qui ont des interlocuteurs limités, Internet a permis d'élargir l'accès à l'information et la prise de position des citoyens.


Certes, tous les électeurs sénégalais ne sont pas des internautes, mais la communauté web nationale a été très active. Les usagers de la toile se sont approprié les nouvelles fonctionnalités web pour se positionner comme des veilleurs. L’e-citoyen sénégalais s’est transformé en Big brother 2.0 pour partager sur son profil Facebook , sur son compte Twitter ou dans des espaces dédiés ses photos ou vidéos prises avec son smartphone, suggérer des liens ou poster des commentaires relatifs à l’élection présidentielle 2012. [Mandiaye Ndiaye - Alternance 2.0 au Sénégal]

Présentation plateforme SUNU 2012


Historique et démarche E-citoyenne de sunu2012

"Un président de la république a beaucoup de pouvoir, il serait dommage de mal le choisir". S'il faut trouver la vraie histoire de #sunu2012, c'est donc dans cette phrase qu'il faudra chercher la racine. En effet, cette phrase fut la toute première et la principale philosophie du projet sunu2012 que j'ai eu le plaisir de présenter pour la première fois en 2010 au Barcamp de Gorée. En ce temps, le projet ne s'appuyait que sur une plateforme que j'avais développé suite à un état des lieux effectué sur les points suivants : 
  • L'internet a t-il une fois permis aux candidats à une présidentielle sénégalaise de faire campagne et de présenter leur programme politique.
  • Quels moyens disposerait un citoyen lambda pour donner son avis et participer de façon citoyenne à un processus électoral sur internet. 
  • Que fallait-il comme projet citoyen pour rompre avec les médias dits classiques qui perdent de plus en plus leur efficacité quant à leur proactivité avec les les auditeurs ou téléspectateurs. 
  • Existait-il un moyen d'amener les politiciens dans un espace de libre expression où les règles ne sont point fixées par eux.

Présentation pour la première fois de sunu2012 en 2010 après sa conception en 2008 par @cypher007 interviewé par le blogueur @basileniane devenu qui est ensuite devenu l'un des membres de la team sunu2012 à partir de son lancement officiel en juin 2011.

Le projet devenu sunu2012 s'appelait en son temps Senegal 2.0. C'est à la suite de ce Barcamp qu'un appel a été lancé à l'association des blogueurs sénégalais pour faire de ce concept citoyen un projet porté par toute la jeunesse sénégalaise. Une jeunesse citoyenne, mature et patriotique qui a vite compris que le combat devenait sien et qu'il fallait s'organiser et mutualiser nos forces pour réussir à notre manière. 

Il fallait s'appuyer sur "une liberté responsable de communication, de participation,     d’expression et de création de ressources dans tous les secteurs de la société de l’information et la promotion des réseaux citoyens (Exposé des motifs de la loi d'orientation Loi n° 2008 – 10 sur la Société de l'information)". Sunu2012 s'est inscrit dans une démarche de mobilisation de tous les acteurs (publics, privés et société civile). Cette démarche trouve son succès grâce à une approche participative dans l’élaboration de la stratégie de couverture médiatique et dans la mise en œuvre des actions citoyennes. 


Feed The Stream - 30/01/12 - #Sunu2012



Les blogueurs sénégalais de l’association Blogueurs.SN ont dès lors inscrit leur démarche dans une logique de démocratie participative et citoyenne.

La mise en place du portail web www.sunu212.sn, une plate-forme libre autour de l'élection présidentielle de 2012 a permis d'atteindre 5 objectifs :
  • Le premier est de participer au développement et au renforcement de l’image de la transparence et de la démocratie au Sénégal. À ce titre, notre équipe a donné un     rôle prépondérant au choix des contenus (fourni par les candidats) et à l'arborescence de la plate-forme, mais aussi et surtout la qualité des contenus ( programmes, discours, communiqués officiels entre autres ) afin de procéder à une veille citoyenne.
  • Le second objectif est de permettre aux Sénégalais de participer de façon citoyenne au processus électoral et au choix de leur candidat. Pour ce faire, des contenus et des services spécifiquement adaptés à l'information des citoyens-électeurs ont été déployés dans les pages profils des candidats : présentation du candidat, fiche d'identification personnelle du candidat, programme, agenda, coalition ou parti politique, photos et vidéos, communiqués de presse... D’autre part, la mise en place d’un E-observatoire citoyen autour du processus électoral et de la campagne présidentielle.
  • Le troisième objectif du projet est de soutenir le travail de communication en portant l'information vers les électeurs qui ont pu partager leurs opinions sur l'avenir du     pays (générant ainsi une dynamique citoyenne). La plateforme a permis aux citoyens d'être informés sur les programmes des candidats, sur leur agenda, sur processus électoral et sur la vision des candidats dont le but était de convaincre de la bonne santé de leur programme et de leur potentiel à gouverner la nation entière.   
  • Le quatrième objectif est de participer activement à l’acquisition et la consolidation du  réflexe réactif des politiciens (candidats) afin de susciter l’intérêt pour une pro-activité effective du nouveau citoyen sénégalais. Pour ce faire, un contenu et des services spécifiques ont été proposés : interviews, parcours types, valeurs, programme ... Une fois de plus, les moyens mis en œuvre se sont inscrites dans la stratégie générale pour participer activement à la démocratie et à la transparence.
  • Le cinquième objectif, fer de lance du programme, est de mettre en oeuvre un système d’information et de facilitation de l’accès à l’instance autorisée pour l’inscription de chaque Sénégalais sur les listes électorales ainsi que la délivrance des cartes d’électeurs aux citoyens. 




Le film de la couverture des élections par l'équipe de #sunu2012. Comment la team des blogueurs a travaillé dans son QG le jour du scrutin et comment le monitoring a été organisé. 

Film - documentaire réalisé par la RADIO NEDERLAND WERELDOMROEP

Il faut cependant noter que si nous avons réussi à atteindre tous ces objectifs, c'est qu'il a fallu compter sur les internautes qui ont fait flèche de tout bois pour cette initiative.


Comment sunu2012 a fait participer les E-citoyens ?

La plateforme en dehors du fil sur Twitter a permis d'envoyer des messages et de témoigner des événements d'intérêt commun et citoyen avant et durant la période électorale. Sur Facebook et Twitter, les nombreux volontaires de sunu2012 se sont positionnés comme les principaux relayeurs d'informations en couvrant à temps réel les manifestations de l'opposition et les différentes sorties médiatiques des candidats. 


Lors du vote du premier tour, j'avais expliqué la stratégie de couverture de sunu2012 dans mon billet Comment sunu2012 couvre t-il le scrutin de ce 26 février 2012 ?.   Il fallait positionner chaque volontaire comme un E-observateur de l'élection en couvrant son centre et bureau de vote le jour du scrutin. Prendre des photos, remonter des anomalies, noter des incidences pour participer à notre manière et de façon citoyenne à la mission d'observation nationale et internationale par le biais des réseaux sociaux et de la plateforme Sunu2012.sn.

Aucune information ne devait être censurée comme le veut la liberté d'expression au sein d'un processus démocratique. Nos volontaires devaient donc participer et nous aider de deux manières :

- A/ En nous envoyant des informations
- B/ En nous aidant à vérifier sur le terrain la masse d'informations que nous recevrons

Témoigner, envoyer des informations d'intérêt général et citoyen pendant la période électorale ou nous aider à vérifier les informations reçues  : 

1. En envoyant un SMS 
2. En envoyant un mail à cette adresse : [ alerte@sunu2012.net ]
3. En remplissant ce formulaire [ Lien du formulaire à partir de l’interface sunu2012 ]
4. En twittant avec un les Hashtags suivants  : #sunu2012 , #kebetu
5. En postant une vidéo sur Youtube avec l'identifiant #sunu2012 sur le titre de la vidéo.

Il fallait laissez un maximum d'indices qui permettaient à notre équipe d'authentifier et de valider vos informations. Une fois validé, ces informations nous ont permis de mieux communiquer aux médias traditionnels et aux institutions chargés de la veille électorale au Sénégal. 


Sur Twitter, ce fut la grande mobilisation tout au long du processus électoral. Plus de 12 000 tweets ont été envoyés le 26 février avec le hashtag #sunu2012 pour le premier tour (À lire mon article sur la marche de la "soft révolution" sénégalaise). Le 25 mars dernier, les chiffres parlent d'elles mêmes. 


Les acquis et le bilan de #sunu2012


Les statistiques de tweets sur #senegal #kebetu et #sunu2012

Le nombre de connectés et de commentaires sur la couverture en live des deux scrutins


Pour résumer le bilan du projet sunu2012, je me plairai de reprendre le tweet de Maxime des GayetsAdjoint au maire socialiste du deuxième arrondissement de Paris. Militant politique internationaliste.
Tweet de Maxime des Gayets au soir du vote le 25 mars 2012 à Dakar
Avec les reseaux sociaux et les medias, le pouvoir n'avait plus le monopole des infos lors des élections, hier.

Notre bilan est positif parce que notre type de projet est une première ici au Sénégal. Nous avons créé un dynamisme qui a permis d'assurer une veille à temps réel sur le processus électoral. Sunu2012 permet à tout Sénégalais d’informer et de recevoir des informations. En somme sunu2012 a permis aux sénégalais de suivre le traitement de l’information par les médias européens et américains. Nous avons aussi formé de jeunes journalistes.


Notre travail nous a aussi permis de corriger certaines publications des journalistes parce que tout simplement grâce à sunu2012 nous recevons des informations à partir d’une plate forme unique. Aujourd’hui, nous nous réjouissons des résultats que nous avons récoltés. Suite à une erreur détectée dans le fichier électoral, j’ai publié un billet qui par la suite à permis au ministre chargé des élections de sortir de sa réserve pour parler de la faille détectée au niveau du site des élections. Cette faille a été corrigée par la suite pour rassurer les électeurs malgré le doute qui résistait sur le chiffre total des inscrits du fichier électoral. Ce fichier qui de loin semble être a l'origine de ce "fort taux" d’abstention qui vrai semblablement ne correspond à rien d'autre que des doublons, des morts ou des déplacements d'électeurs. 

Cette dynamique des réseaux sociaux et de la blogosphère est une preuve de la «vitalité sénégalaise sur Internet [à cause de] la qualité de la connexion généralement bonne». Avec une population de 12,6 millions d’habitants, le Sénégal compte près de 2 millions d’internautes, dont 620.000 comptes Facebook, selon le site de référence Internetworlstats. Une vivacité d’autant plus remarquable que les internautes sénégalais représentent à peine 16% de la population dans un pays où la radio et le téléphone portable gardent encore toute leur place. [Présidentielle sénégalaise : les internautes montent au front sur slateafrique]

En effet, à l'égard de sunu2012, il faut aussi noter la création de nombreux portails d’informations et de monitoring pour suivre la campagne, sécuriser le vote des Sénégalais et couvrir le scrutin jusqu'à la remontée des résultats. Ces projets ont été créés par de simples citoyens. Une preuve de la maturité des sénégalais dans leur utilisation d'Internet malgré le faible taux de pénétration de la connectivité sur l'étendu du territoire national. 


Dans mon billet du 20 janvier 2012 dans lequel je faisais l'état des lieux sur la campagne à l'heure d'internet, j'avais présenté le Candidat Macky Sall comme étant "aujourd'hui comme le candidat le plus présent sur la toile avec un réseau élargit sur les options du web."




Présentation de #sunu2012 à la 2stv au lendemain de l'élection par @aamyjane et @paouz 


  Senrevolution [senrevolution Facebook]


SEN pour faire référence au Sénégal et révolution qui étymologiquement stipule un mouvement qui apporte du changement bouleversant du coup l’ordre établi. Selon l'initiateur de ce projet, "beaucoup ont parlé de révolution sénégalaise, mais nous sommes de ceux qui pensent que cette dernière se doit d'abord d’être spirituelle et non physique ou armée".



Ce projet web dont les principaux objectifs sont : Co
  • de présenter tout homme qu'ils considéreront idéologiquement conforme à leur identité culturelle traditionnelle et sociale.
  • d'informer en se libérant du joug des média-mensonges
  • de constituer en espace d’échange constructif dans la perspective de faire de tous, des hommes intègres au service de la nation.

La stratégie de senrevolution consistait à aller à la quête de l’information en allant du contenu manifeste au contenu latent (caché) : Par le micro blogging, les contributions participatives, l’entretien avec des personnes ressources pour accéder à l'information, les enquête de terrain.




Samabaat | *Ma voix (en wolof)

Samabaat est une plateforme citoyenne d’informations et de formation à la citoyenneté.  Il a encouragé les citoyens à participer et à s’informer sur le processus électoral à travers les médias sociaux: Facebook, Twitter…

Cette plateforme à l'initiative de plusieurs Organisations de la Société Civile (One World UK, COSCE – Collectif des Organisations de la Société Civile pour les élections-, Enda Diapol et la plateforme des Acteurs Non Etatiques) en partenariat avec Jokkolabs était dédiée à tous :
  • les citoyens peuvent y venir commenter, échanger, leurs points de vue, faire ressortir leurs préoccupations
  • les OSC peuvent faire connaitre leurs activités à travers des blogs, les initiatives qu’elles développent dans le cadre des élections et faire connaitre leur agenda.

Des partenaires comme OXFAM Novib, l’Ambassade de Grande Bretagne, OSIWA et l’Union Européenne y ont apporté leur appui financier.
Désormais, il faudra compter avec Twitter, et Facebook dans les élections, au Sénégal comme partout en Afrique, et ailleurs. Les trop vieux présidents qui ne veulent pas quitter le pouvoir, ont dorénavant beaucoup de souci à se faire. [Les sentinelles de la démocratie]
Pour terminer ce billet, rien ne pourra être plus édifiant que ce live tweet de ce dernier conférence des ministres avec Abdoulaye Wade ce jeudi 29 mars au palais. 
Couverture en livetweet du dernier conseil des ministres de Wade sur #sunu2012

1 commentaire:

  1. e-transfo de la politique. le tps où les politiques pouvait dire et faire ce qu'il voulait est révolu.
    prochaine étape se battre pour avoir une plateforme OPEN DATA et faire du FACT CHECKING en permanence des paroles de nos politiques.

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